La « uncanny valley » : l’IA dans l’église
Un article publié sur New York Times explore un phénomène fascinant et troublant : l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) comme guide spirituel. Dans un monde où la technologie s’intègre de plus en plus dans nos vies, l’idée que l’IA puisse répondre à des prières, offrir des conseils théologiques ou interpréter des textes sacrés pousse les limites de l’acceptabilité humaine. Et c’est ici que la notion de « vallée de l’étrange » (uncanny valley) entre en jeu.
Le « vallée de l’étrange » (uncanny valley) désigne une réaction d’inconfort ou de rejet qu’éprouvent les humains face à des robots ou des avatars numériques très proches de l’humain, mais pas assez pour paraître naturels.
Quand l’IA perturbe nos attentes
Le concept de la vallée de l’étrange décrit ce malaise ressenti lorsqu’une entité artificielle semble presque humaine, mais pas tout à fait. Ce décalage provoque une réaction instinctive de rejet ou d’inquiétude. Appliqué à la spiritualité, ce phénomène se manifeste dans le rôle inédit que joue l’IA : peut-on accepter qu’un algorithme donne des réponses à des questions existentielles, ou est-ce trop perturbant ?
Dans le contexte religieux, ce malaise est exacerbé par des attentes profondément enracinées. Les leaders spirituels incarnent généralement une autorité morale et émotionnelle, avec une présence humaine chargée de signification. Une IA, bien qu’extrêmement performante, ne peut reproduire cette essence humaine, ce qui pousse les fidèles à maintenir une distance émotionnelle difficile à combler.
L’article mentionne des applications d’IA capables de réciter des prières, d’ « interpréter »(les IA ne sont pas capables de penser, lisez l’article que le explique ici) des textes sacrés et de répondre à des questions théologiques. Ces outils sont impressionnants d’un point de vue technologique, mais ils révèlent aussi des moments troublants : un algorithme peut-il vraiment comprendre la souffrance humaine ou offrir une consolation authentique ? (une autre fois, l’IA est incapable de ressentir ou de faire des exercices cognitifs).
Le danger de l’illusion de l’humanité
Le New York Times soulève également des questions éthiques : à quel point est-il moralement acceptable de laisser une machine jouer un rôle si crucial dans la vie spirituelle des individus ?
Est-ce qu’une IA pourrait avoir la parole de Dieu ? L’IA n’est qu’une imitation, mais dans le quotidien, il est difficile de rester conscient à chaque fois que nous interagissons avec elle.
Il est essentiel de se demander si certaines frontières ne doivent pas rester inviolées. La spiritualité, par sa nature, repose sur des connexions profondes, humaines et authentiques. Si l’IA peut assister, interpréter et rendre accessible la foi, elle ne pourra jamais remplacer la richesse émotionnelle et relationnelle qu’un leader spirituel humain apporte.
Source: “AI Religious Leaders: The Rise of the Digital Guides” (The New York Times, 3 janvier 2025).